Indétrônable Livret A

Au mois d’avril, la collecte du Livret A enregistrée par la Caisse des dépôts s’est élevée à 3,05 milliards d’euros. Cela représente une nouvelle hausse de collecte de 20,5% par rapport à avril 2012 et de plus de 60% par rapport au mois de mars 2013. Malgré la baisse de son taux de rémunération en février, le Livret A demeure le pilier des finances personnelles des Français.
De fortes collectes successives sur le Livret A
Depuis 2009, le Livret A enregistre des collectes nettes fabuleuses : 16,55 milliards d’euros en 2009, 7,80 milliards en 2010, 17,38 milliards en 2011 et 28,16 milliards en 2012. Depuis le début de l’année 2013, le Livret A s’est déjà attiré 14,59 milliards d’euros supplémentaires de collecte nette cumulée, dont 3,05 milliards d’euros enregistré au mois d’avril.
Bien sûr, au cours de la période 2011-2012, le taux de rémunération avait atteint les 2,25% nets. Sachant que le Livret A est un compte épargne défiscalisé, le placement passait pour attractif.
À présent, son taux de rémunération a été ramené à 1,75% net, en vertu de l’alignement sur les taux du marché et l’indice des prix à la consommation. En revanche, son plafond de dépôt a été repoussé à 22 950 €, ce qui offre aux Français la possibilité de disposer d’une plus grande surface d’épargne disponible.
La plus faible rémunération du Livret A n’a pas détourné les Français de ce placement, preuve s’il en est que le Livret A s’inscrit au cœur de leurs stratégies d’épargne.
Aussi, le taux d’intérêt du livret A, assis sur l’inflation et l’évolution des taux courts (euribor* et eonia*), devrait logiquement reculer une nouvelle fois au mois d’août. Suite au ralentissement de l’indice des prix à la consommation, fixé par l’Insee à 0,7% au mois d’avril, la rémunération du Livret A est attendue cet été autour de 1,50% ou même 1,25%, sous réserve de l’émancipation de Bercy par rapport à la formule de calcul.
L’opposition de façade entre Livret A et Assurance vie
Il est encore reproché au Livret A de détourner les flux d’épargne au détriment de l’assurance-vie. Il est vrai qu’à l’époque où le taux défiscalisé du Livret A rayonnait à plus de 2% nets, la tentation était grande de le comparer à l’assurance-vie dont les rendements, bruts, ne dépassaient guère les 3%.
C’est alors que l’on regardait les facilités du Livret A : ouverture gratuite, gestion gratuite, versements gratuits, sommes disponibles à tout moment et gratuitement, alors que la plupart des contrats d’assurance-vie comportent des frais sur chaque versement et que les sommes sont relativement bloquées. Les sommes placées sur le livret A sont garanties, les placements sur les fonds d’assurance vie encourent un risque de perte du capital investi… Oui, mais non.
En réalité, la comparaison est futile car ces deux produits ne poursuivent pas du tout les mêmes logiques d’épargne. Opposer Livret A et Assurance Vie revient à opposer les avantages d’une épargne à court terme aux mérites d’une épargne à long terme. L’assurance-vie est constituée pour apporter un complément de revenu, un capital en vue de financer un projet, ou encore pour assouplir la transmission du patrimoine.
Les deux produits ne jouent pas dans la même cour : le Livret A totalise un encours de l’ordre de 265 milliards d’euros en avril 2013 quand l’Assurance-vie présente un encours de l’ordre de 1 400 milliards.
Une raquette de badminton sera inutile pour jouer au tennis, la comparaison n’a pas lieu d’être. Le Livret n’est pas en mesure de faire de l’ombre à l’assurance vie, deuxième axe de l’épargne des Français.
Choisir entre Livret A et Livret bancaire
Là encore la question est faussée puisque les livrets bancaires et le livret défiscalisé ne se battent pas à armes égales.
Comparables au livret A en termes d’épargne liquide et gratuite, les livrets bancaires annoncent des taux bruts révisables à partir de 1,40% et font l’objet de nombreuses opérations de parrainage ou de promotions où les taux s’envolent sur de courtes durées jusqu’à 5%. Les banques en ligne ont notamment construit leur réputation sur ces offres d’épargne inédites.
Joue en faveur des super livrets l’absence de plafond, mais la soumission des gains aux prélèvements sociaux et fiscaux les prive de tout leur attrait. Les banques fixent les taux en fonction des marchés et malgré leur ambition affichée de dépasser le Livret A, leur marge de manœuvre reste étroite.
Par conséquent, l’épargnant sensé se tournera naturellement vers le Livret A en première intention et ne s’intéressera aux offres de super livret qu’une fois le plafond du Livret A atteint et peut-être même après la mise en place d’une assurance-vie. Le public potentiel auquel s’adressent les banques en ligne est donc restreint, sauf à trouver de nouveaux arguments.
*euribor 3 mois : Euro Interbank Offered Rate.
Taux moyen des prêts interbancaires en zone euro déterminant la rémunération des dépôts en fonction de leur durée.
*eonia : Euro OverNight Index Average.
Taux moyen des prêts non garantis au jour le jour entre les banques de la zone euro.